je me demande ou on va aller comme ça ,c'est impossible tout augmente et on reste au meme salaire
le scandale révélateur du prix du gaz
Le scandale révélateur du prix du gaz
Le prix du gaz a augmenté de 63% en six ans. Une véritable prédation commise au détriment de la majorité des ménages et d’une partie des entreprises. La raison de cette envolée est simple : le prix du gaz n’est pas indexé sur le prix du gaz naturel mais sur une formule combinant le prix du gaz naturel et celui du pétrole brut. Or le cours du pétrole brut a augmenté beaucoup plus vite que celui du gaz naturel. Les réserves de gaz sont en effet très importantes et en croissance plus rapide que celles du pétrole, et les deux produits ne sont que très partiellement et lentement substituantes.
Résultat : une véritable rente de situation pour GDF Suez, qui voit diverger son prix de vente et son prix d’achat. L’entreprise elle-même n’est en rien critiquable. On ne peut être plus royaliste que le roi. La responsabilité porte essentiellement sur le gouvernement, qui n’a rien fait pour freiner cette envolée illégitime.
Le gouvernement avait deux outils pour bloquer cette folle hausse.
Le premier aurait été de changer la formule, et d’indexer le prix du gaz pour le client sur celui du gaz naturel, en tenant compte de l’impact de l’un sur l’autre pour l’entreprise. Une augmentation de 10% du prix du gaz naturel ne devrait déclencher qu’une hausse très inférieure du prix final du gaz, le prix d’achat du gaz « brut » représentant moins de 50% du prix final, compte tenu des frais logistiques très importants du gaz et des frais généraux non moins importants de GDF Suez. Les aménagements de la formule qui sont évoquée sont des cautères sur une jambe de bois, car faire passer le prix du gaz spot de 10 à 25% du poids total n’est qu’un aménagement marginal qui maintient une distorsion inacceptable entre prix de vente et prix d’achat. Le prix du gaz naturel doit représenter 100% de la formule, avec un équilibre entre prix spot et prix à long terme et des mécanismes de moyennes glissantes et d’amortissement de l’impact sur le spire.
Le deuxième aurait été de freiner purement et simplement les hausses, ce que l’état a le pouvoir de faire, comme pour tous les prix des monopoles juridiques ou naturels. Les “utilities” américaines, fournisseurs d’électricité, de gaz, ou d’eau, avait ainsi avant la folie ultralibérale de Bush, un droit de fixer leur prix de façon à faire un profit raisonnable dans des conditions de productivité fixées par benchmark. On pourrait définir ainsi un niveau de prix qui donnerait à GDF Suez une rentabilité raisonnable dans des conditions de productivité et d’efficacité élevées.
L’état pourrait ainsi non seulement freiner la hausse mais reconstituer ce qu’elle aurait été depuis cinq ans avec une formule normale, et, au lieu d’évoquer théâtralement la possibilité de bloquer les prix pendant un an (après 63% de hausse, merci !), forcer à une baisse des prix pour les aligner avec la réalité économique des coûts du gaz naturel.
Pourquoi rien n’a été fait. Pourquoi cette facture de plus en plus lourde, au détriment de plus pauvres et au profit de GDF Suez et de ses actionnaires.
Deux explications, révélatrices de la dérive du capitalisme actuel :
-la première est la primauté absolue donnée au profit sur toutes les autres considérations économiques ou sociales. GDF Suez veut maximiser son profit à tout prix. Pour la classe dirigeante économique et politique, c’est normal, c’est même bien. La valeur profit, la “cupidité” pour reprendre le mot d’Attali, a étouffé toutes les autres valeurs avec l’assentiment de l’élite. Accessoirement, l’état est actionnaire de Suez, la super rente est favorable au cours de bourse donc au portefeuille de l’état. Alors bénissons-la.
-la deuxième est une connivence malsaine entre les directions de certaines très grandes entreprises et l’appareil étatique. Issu des même corps, passés par les mêmes fonctions, se retrouvant dans les mêmes clubs, un véritable clan se forme qui partage le même objectif de puissance et de rentabilité des très grandes entreprises. Car les membres de cabinets ministériels et des organismes de régulation d’aujourd’hui seront demain intégrés à l’état major des grandes entreprises qu’ils contrôlent. On est prié de ne pas cracher dans la soupe et de laisser celles-ci prospérer.
Cette situation paradoxale crée un déséquilibre systématique entre l’intérêt privé et l’intérêt général au détriment direct de ce dernier. Qu’il s’agisse de la banque, du transport, de l’audiovisuel, de l’énergie, de l’eau, des concessions autoroutières ou autres, la connivence abouti immanquablement à la création de rentes de situation pour certaines grandes entreprises au détriment des ménages et des autres entreprises.
L’économie capitaliste ne retrouvera sa vigueur que lorsque le profit récompensera non la capacité à convaincre l’état ou le régulateur de laisser les prix augmenter mais la capacité à répondre de façon productive et frugale aux besoins des clients. Il faut être optimiste et croire que c'est possible...