ILS ONT TUE LA ROCHE QUI PLEURE.
Comme elle était jolie à mes yeux de 20 ans
Au pied d’une falaise où elle était blottie
Loin des lieux de prestige et des foules honnies
Dans le silence pur d’un rivage normand !
Ni tempêtes d’automne et ni gelées d’hiver
Qui laissent bien souvent des blessures cruelles
N’ont pu venir à bout de la roche rebelle
Qui, échine courbée, bravait tout l’univers.
Un grand manteau de mousse fleurie au printemps
Calmait l’essor de l’eau sortant des profondeurs
Pour tomber en rideau de perles de couleurs,
Que les gros galets bleus éclataient en riant.
Poussières de soleil prises aux cascatelles
La lumière et les sons frissonnaient sous ta peau
Lorsque nous nous glissions entre la roche et l’eau
Dans une sensation qu’encore je me rappelle.
Maudit soit le regret qui m’amena ici !
La roche sculpturale érigée par des dieux
Et que lavent en vain des ruisseaux silencieux
N’est plus à mon regard qu’un moignon tout noirci.
Plus de manteau de mousse et plus de rideau d’or
Plus de gaie symphonie dans l’écho des falaises
Les roches maculées, sales et mal à l’aise
Tout honteuses et noires, semblent un tas de morts !
Je contemple muet le désastre effrayant
Les pierres entassées en morne tumulus
Ecrasent les déchets de joies qui ne sont plus.
Alors s’éteint la flamme allumée à vingt ans.
On l’appelait LA ROCHE QUI PLEURE
Qui était si jolie…..