l'arnacoeur

© Universal Pictures
Sorties ciné : L'Arnacoeur, Bus Palladium, Bad Lieutenant...

Une comédie romantique française ET réussie, c'est possible : la preuve avec l'Arnacoeur de Pascal Chaumeil, porté par le duo Romain Duris-Vanessa Paradis. Les allergiques au sucré préféreront voir Bus Palladium, une chronique rock'n roll, et deux thrillers : Bad Lieutenant : escale à La Nouvelle-Orléans et Blanc comme neige.

Belle idée de départ : une arnaque au coeur, visant à briser les couples pour sauver les femmes qui n'osent jamais avouer leur malheur. Une sorte de roman d'espionnage où le protagoniste remplace le flingue et le flegme par le charme et le glamour. Et tous les moyens sont bons, qu'il s'agisse de simuler une mission humanitaire, d'élaborer un braquage de voiture, de louer le Sacré-Coeur ou de rallonger la liste des plus gros mensonges de la décennie. Bon, quand le bonhomme a une gueule de tombeur (ou de Romain Duris, ce qui revient au même), ça devient tout de suite plus simple. Mais non : dès que le couple à briser concerne une fille coriace comme c'est pas permis, l'affaire se complique... S'il est bien question d'arnaque dans ce film, il est toutefois indispensable d'être rassuré : le film n'en est pas une, et ne trompe personne sur la nature de ses intentions modestes. L'ARNACOEUR n'a aucune autre ambition, sinon celle de divertir grâce à un canevas de divertissement léger et élégant. Ce qui, en soi, constitue l'un des exercices critiques les plus difficiles : comment parler d'un film dont l'intérêt se joue uniquement sur le plaisir de la découverte, sur l'effervescence de gags et sur le jeu de ses comédiens ? Tout simplement en laissant un peu son esprit critique au vestiaire et en se laissant aller à un sympathique moment de détente, d'autant plus agréable qu'il ne joue en aucun cas la carte de la gaudriole franchouillarde.

Nous sommes donc sur la Côte d'Azur, là où tout brille, là où tout est chic, là où ça pue le luxe et le glamour à dix kilomètres. Un décor qui a souvent servi à d'inégales comédies basées sur l'opposition des classes (HORS DE PRIX) ou sur le déchaînement des passions (LA FILLE DE MONACO). Pour son premier film, Pascal Chaumeil prend l'option judicieuse de laisser tout ça de côté, et de se concentrer uniquement sur l'aspect ludique des situations : un homme, deux coéquipiers pour l'aider, une femme à séduire, un objectif à atteindre, un chapelet de stratégies hilarantes, et pas mal d'événements imprévus. Toute la réussite du film réside simplement dans cette suite de situations qui s'enfilent comme des perles à travers un montage d'une fluidité redoutable. Un concept narratif clair et sans prétention, qui permet aux acteurs de se lâcher : Duris fait du Duris (plutôt bien, d'ailleurs), Paradis n'a jamais été aussi belle, Noguerra joue les nymphomanes clinquantes et bourrées, et le tandem Ferrier-Damiens dévoile [...]