J’ai dormi si longtemps que j’ai tout oublié,
Des couleurs du printemps aux chaleurs de l’été,
Mais je me souviens bien de ces mortes saisons
Et des petits matins sous mes bouts de cartons ;
J’ai dormi si longtemps que tout s’est effacé,
Le bonheur d’un croissant dans un peu de café,
Mais je me souviens bien de mes nuits de boissons
Quand le rêve s’éteint après la libation ;
J’ai dormi si longtemps que je n’ai rien gardé,
Des arbres verts ou blancs devant les cheminées,
Mais je me souviens bien de ces rues désertées
Quand s’offrent les festins aux fenêtres fermées ;
J’ai dormi si longtemps que je veux oublier
Le regard de ces gens qui ne font que passer,
Mais je me souviens bien des ombres arrêtées
Quand je tendais la main pour un brin d’amitié ;
J’ai dormi si longtemps
Que tout s’est effacé…
Allongé sur le banc