"On a vu qu'ils étaient amaigris, mais, disons, assez calmes", a déclaré Gérard Taponier, père de Stéphane, mardi soir sur France 3, après avoir visionné dans l'après-midi la dernière vidéo des deux otages parvenue aux autorités françaises. Sur cet enregistrement, réalisé "probablement vers la mi-novembre", selon le porte-parole du Quai d'Orsay Bernard Valero, les deux journalistes demandent "que le gouvernement français fasse tout son possible pour
les libérer le plus rapidement possible", a ajouté son épouse Arlette.
Les deux salariés de France 3 ont été enlevés dans la vallée de la Kapissa avec leurs trois accompagnateurs afghans, Mohammed Reza, Ghulam et Satar, dont l'identité complète n'a pas été rendue publique afin de protéger leurs familles sur place.
Hervé Ghesquière, 47 ans, a longtemps travaillé comme reporter de guerre indépendant, notamment en Yougoslavie. Ses reportages et ses documentaires ont été diffusés par des télévisions et des radios françaises, mais aussi Suisse, belge et canadienne. Il a couvert de nombreux autres conflits, dont l'Irlande du Nord, le Sahara-Occidental, le Rwanda et l'Irak.
Son cameraman
Stéphane Taponier, 48 ans, a tourné lui aussi en Irak, ainsi qu'au Liban, en Syrie, en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza, ou encore au Pakistan. Il s'est rendu plusieurs fois en Afghanistan : en 2000 pour filmer le commandant Massoud dans le Panchir, et en 2002 pour trois semaines dans la province de Kapissa.
"Ils souhaitaient aller au contact des villageois"Embauchés en CDI respectivement en 2000 et en 2005 par France 3, Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière travaillaient ensemble pour le magazine "Pièces à conviction" lorsqu'ils ont disparu. Ils réalisaient un reportage sur la reconstruction d'une route à l'est de Kaboul, expliquait le rédacteur en chef de l'émission, Lionel de Coninck.
Le 30 décembre 2009, ils avaient annoncé qu'ils se rendaient dans la vallée de la Kapissa. Ils "avaient indiqué à leurs confrères qu'ils souhaitaient aller au contact des villageois", avait rapporté le lendemain Hervé Morin, ministre de la Défense à l'époque.
Dans un premier temps, le nom des deux journalistes n'a pas été révélé. Le Quai d'Orsay estimait que la "discrétion" s'imposait et appelait à "la responsabilité de tous" - y compris lorsque les talibans ont mis en ligne sur internet le 14 février 2010 une première vidéo des deux otages français. "Moins on en parle, mieux c'est", considérait la semaine suivante le général Jean-Louis Georgelin, chef d'état-major des armées françaises, précisant sur Europe 1 que "plus de 10 millions d'euros" avaient été dépensés pour les retrouver.
Le 11 avril, les talibans ont diffusé une deuxième vidéo des deux journalistes. Dans un communiqué envoyé le lendemain par courriel à des organismes de presse, les talibans disaient avoir soumis aux autorités françaises une liste de détenus "ordinaires" qu'ils souhaitaient voir libérer en échange des journalistes. Le même jour, le 12 avril, France 3 et France 2 ont dévoilé dans leurs journaux du soir l'identité des otages français. Le groupe France Télévisions a expliqué briser leur anonymat "à la demande des familles".