Var: les traces des flots s'estompent, les préoccupations restent nombreusesPénurie de logements pour les sinistrés, routes impraticables,préjudice très lourd pour certains secteurs... les préoccupations sont nombreuses dix jours après les inondations meurtrières du Var, même si les traces de la furie des flots s'effacent peu à peu.
Var
AFP
Alors que le pays vient d'enterrer ses morts cette semaine et que des recherches se poursuivent pour retrouver d'éventuelles victimes - le bilan, toujours provisoire, est de 23 morts et deux disparus - les Varois s'activent pour rendre sa physionomie à Draguignan et sa région.
Jonchées de piles de voitures et gravats au lendemain du 15 juin, bourgades et villages retrouvent leur décor "d'avant". Comme aux Arcs, où un vaste trou sur la place et des pancartes disant "merci" aux secours restent les seuls témoins apparents du drame.
Progressivement, stations d'épuration et réseaux d'assainissement sont remis en marche. Dans les zones touchées, à deux exceptions près, l'eau est de nouveau potable. La téléphonie est rétablie.
Pour autant, le retour à la normale promet d'être lent, avec des questions urgentes à régler.
Parmi elles, l'hébergement des sinistrés. Les pouvoirs publics recherchent des logements pour des familles, explique la sous-préfète Corinne Orzechowski, estimant les besoins à plus de 200 logements.
Vingt-cinq personnes étaient encore hébergées samedi dans des salles d'accueil à Lorgues, Fréjus et Roquebrune-sur-Argens.
Autre chantier, l'état des chaussées dans les campagnes qui perturbe largement la circulation.
Vendredi, les agriculteurs ont insisté auprès du ministre Bruno Le Maire sur l'urgence à remettre en état les chemins ruraux.
Pour l'armée, sollicitée pour niveler trous et ornières, il faut d'abord "procéder à des expertises des sols, avant d'engager des moyens militaires lourds qui pourraient se retrouver immobilisés en cas d'affaissement".
Si l'électricité a été rétablie, les techniciens restent prudents face à "la faiblesse des réseaux". De ce fait, 111 groupes électrogènes restent actifs.
Alors que 1.150 pompiers et militaires sont toujours mobilisés, il reste à réaliser des opérations de déblaiement à Taradeau, Rebouillon, Le Muy, dans la vallée de l'Argens.
Toutes les collectivités font face à un problème d'évacuation des déchets inertes, en particulier dans les quartiers excentrés où les grosses bennes ne peuvent accéder.
"On a besoin de véhicules de transports," dit le maire de Vidauban Claude Pianetti.
"Nous traitons 1.000 tonnes de déchets par jour, contre 100 à 150 habituellement", affirme le président de la Communauté d'agglomération dracénoise (CDA) Olivier Audibert-Troin.
Selon lui, 450 entreprises sont sinistrées à Draguignan, Trans, Le Muy, concernant plus de 4.500 emplois, et la perte moyenne d'activités pourrait se situer "entre trois et quatre mois". Au total la préfecture a répertorié plus de 1.000 entreprises touchées.
La CDA a ouvert un bâtiment pour accueillir des sociétés, avec 25 bureaux. Un guichet réunissant tous les services, du trésorier payeur général à l'URSSAF, a été mis en place.
Même désarroi du côté des agriculteurs: près de 3.500 bêtes tuées, 200 à 250 emplois menacés dans l'horticulture, 500 ha de vignes dévastées... Bruno Le Maire leur a notamment promis un million d'euros en urgence pour des prêts à taux bonifiés.
La Région a annoncé un versement de 3 millions au bénéfice des sinistrés, ouvert aux particuliers comme aux professionnels. L'état de reconnaissance de catastrophe naturelle a été publié mardi.
La Fédération française des sociétés d'assurance a évoqué environ 45.000 sinistres, pour un coût d'indemnisation de 700 millions d'euros.