L'annonce de la découverte d'un vaccin contre le cancer du sein de la souris publiée dans le dernier numéro de Nature Medicine suscite, logiquement, bien des espoirs. D'autant plus qu'environ 12 millions de nouveaux cas de cancers du sein sont dépistés, actuellement, chaque année dans le monde, entraînant 20.000 décès par jour. En France, 50.000 nouvelles malades ont été diagnostiquées l'an dernier et 10.500 en sont mortes. Alors évidemment, un tel vaccin est attendu. Mais l'article publié dans Prescrire de juin incite à la prudence : il conclut que les deux tiers des essais sur les animaux largement médiatisés ne sont pas concrétisés ultérieurement par des traitements pour les humains.
Serait-on dans ce cas de figure ? Il est impossible de le dire aujourd'hui. En pratique, le vaccin anti-cancer du sein mis au point par l'équipe du Pr Vincent Tuohy (Lerner Research Institute et Université de Cleveland, Ohio) a pour cible l'alpha-lactalbumine, une protéine de différenciation spécifique du sein (présente dans aucun autre tissu), exprimée dans la majorité des cancers du sein et, en dehors du cancer, seulement durant l'allaitement. Elle confère une protection chez des souris indemnes de la maladie et constitue un traitement chez des souris porteuses de tumeurs. Les chercheurs ont évalué ce vaccin d'abord chez une souris transgénique qui développe spontanément des tumeurs mammaires, puis chez une souris qui a reçu une greffe de tumeurs mammaires.
Les résultats sont encourageants. La vaccination prophylactique des souris génétiquement modifiées les protège complètement du cancer mammaire (alors que ce cancer est observé chez toutes les souris du groupe témoin qui ne reçoivent que l'adjuvant). Le vaccin injecté chez les autres souris, deux semaines avant la transplantation de tumeurs mammaires, inhibe aussi la croissance tumorale. De plus, le vaccin n'entraîne pas de réactions immunitaires néfastes. "La vaccination par l'alpha-lactalbumine pourrait conférer une protection sûre et efficace contre le développement du cancer du sein pour les femmes qui ont passé l'âge d'avoir des enfants", concluent les chercheurs qui pensent que le cancer du sein peut être prévenu complètement. Mais il ne faut pas oublier que les femmes ne sont pas de souris !