Coma éthylique: attention danger

De plus en plus de jeunes se soûlent jusqu'au coma. Une pratique qui n'est pas sans risque












Chaque jour en Suisse, plus de cinq jeunes de 10 à 23 ans sont soignés pour abus d'alcool. Et le phénomène est en constante augmentation: plus 6% chez les garçons et plus 35% chez les filles, en deux ans! Sachant que ces chiffres ne recensent que les cas où le jeune a été amené chez un médecin ou à l'hôpital, il y a de quoi s'inquiéter. Notamment pour les parents, qui vont devoir gérer, avec l'arrivée de l'été, les fêtes de fin d'année, sorties à la plage et autres rendez-vous arrosés. Car le coma est loin d'être anodin...
Peut-on vraiment mourir d'un coma éthylique?
«Chez un individu en bonne santé, le coma par intoxication à l'alcool a peu de chance de conduire à la mort», explique le Dr Bertrand Yersin, médecin-chef des urgences au CHUV. Les choses se compliquent, en revanche, si la personne a consommé d'autres psychotropes (GHB, somnifères, etc.) en sus. «A ce moment, les effets de l'alcool sont renforcés et la personne peut mourir d'un arrêt respiratoire», souligne le Dr Yersin.
Mais le danger principal du coma éthylique est surtout lié à l'état de vulnérabilité dans lequel on se trouve quand on est inconscient. Par exemple, si la personne tombe dans le coma dans un lieu très froid (dans un talus de neige, une salle non chauffée en hiver), elle ne sentira pas le froid et peut mourir d'hypothermie, d'autant plus vite que l'alcool fait baisser la température du corps. Par ailleurs, une personne dans le coma va être incapable de réagir si elle est agressée ou si un danger se présente (incendie, voiture qui passe). Enfin, si le comateux vomit, il risque d'aspirer ce liquide dans ses bronches, ce qui peut entraîner des complications respiratoires sévères.
Et il ne faut pas oublier qu'avant de tomber dans le coma la personne a vécu une ivresse extrême qui l'a, elle aussi, exposée à de nombreux dangers (chute, accident de la route, etc.).
Quels sont les risques de comas répétés?
Pour le jeune comme pour l'adulte, la consommation abusive répétée d'alcool est mauvaise pour la santé. Elle nuit, notamment, aux neurones, et donc aux capacités intellectuelles.
Mais le danger majeur est que l'adolescent développe une tolérance, puis une dépendance à l'alcool. «La dépendance biologique survient très rapidement», explique le Dr Yersin. «Il suffit de quelques semaines d'exposition à des doses massives pour que le besoin physiologique s'installe.» Plus insidieuse, la dépendance psychologique est une menace également très importante à un âge où on se sent souvent peu sûr de soi: l'effet désinhibant de l'alcool est une grosse tentation. Quand on a bu, on ose plaisanter, aller danser, aborder une personne qui nous impressionne. Le risque est donc grand d'avoir de plus en plus recours à ce produit.
Combien faut-il boire pour tomber dans le coma?
Cela dépend de la personne, de son sexe, de son âge, de son poids, mais aussi de sa tolérance. Si elle est entraînée, elle pourra boire une grande quantité d'alcool avant d'en ressentir les effets. Mais en moyenne, un individu qui a peu l'habitude de boire sombrera dans le coma autour des 2‰.
Comment savoir si la personne est simplement endormie ou si elle est dans le coma?
Si la personne est simplement somnolente, elle répondra à vos sollicitations. Par contre, si vous l'appelez, la secouez, la pincez, et qu'elle ne bouge absolument pas, il s'agit très probablement d'un coma.
Quels sont les gestes de première urgence?
Couchez la personne sur le côté gauche pour éviter qu'elle ne respire ses vomissements. Puis appeler les secours (144).