En France, un enfant sur 440 va développer un cancer avant l'âge de 15 ans, selon les données des registres nationaux des hémopathies malignes de l'enfant (RENHE) et des tumeurs solides de l'enfant (RNTSE) rapportés dans le dernier Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l'Institut de veille sanitaire (InVS).
Les cancers de l'enfant représentaient 0,5 % des 320 000 nouveaux cancers diagnostiqués en 2005 dans l'ensemble de la population française tous âges confondus. Ils sont donc rares mais constituent tout de même la 2ème cause de mortalité entre 1 et 14 ans, après les accidents, avec 20 % des décès, rappellent Brigitte Lacour (CHU de Nancy) et ses collègues qui ont examiné l'ensemble des nouveaux cas de cancers rapportés dans les deux registres de surveillance.
Sur un peu plus de 11 millions de petits Français de moins de 15 ans, ils ont ainsi recensé 8 473 nouveaux cas de cancer entre le 1er janvier 2000 et le 31 décembre 2004, survenus pour la moitié avant l'âge de 5 ans. Les hémopathies malignes représentaient 40 % des cas, les tumeurs solides, les 60 % restants.
Les garçons sont plus touchés que les filles, et développent plus particulièrement des lymphomes, des tumeurs hépatiques, des tumeurs neuro-ectodermiques primitives centrales, des tumeurs d'Ewing, des sarcomes de tissus mous et des tumeurs germinales cérébrales. Les filles, quant à elles, sont plus enclines à développer des tumeurs germinales gonadiques et des carcinomes, notamment thyroïdiens.
Une répartition différente selon l'âge Les auteurs ont également observé une répartition différente des cancers selon l'âge :
- avant l'âge d'1 an, les tumeurs les plus fréquentes étaient les neuroblastomes (31 %), les tumeurs du système nerveux central (15 %), les leucémies (14 %), les rétinoblastomes (12 %) et les néphroblastomes (8 %).
- entre 1 et 5 ans, les leucémies lymphoblastiques atteignent un pic à 37 %, tandis que les tumeurs du SNC représentent 22 % les neuroblastomes 11 % et les néphroblastomes 10 %.
- entre 5 et 9 ans, les leucémies lymphoblastiques et les tumeurs du SNC restent majoritaires (respectivement 32 % et 23 %), et les lymphomes arrivent en 3ème position avec 14 % des cas.
- entre 10 et 14 ans, on retrouve peu ou prou la même répartition, avec la survenue ultérieure de nouveaux cancers comme les tumeurs osseuses, les tumeurs épithéliales et les mélanomes, plus fréquentes chez l'adulte.
Pour les auteurs, il est difficile de dire que l'incidence des cancers de l'enfant a augmenté par rapport à la période 1990-1999, dans la mesure où l'on ne disposait pas alors des mêmes registres de surveillance que maintenant. Pour eux, l'élévation est plutôt le fait d'une amélioration de la méthodologie, avec la disponibilité accrue des fichiers PMSI (Programme de médicalisation des systèmes d'information), et d'une amélioration des techniques diagnostiques, pour les tumeurs cérébrales notamment.
Les registres nationaux devraient bientôt s'étendre aux adolescents jusqu'à 18 ans et aux habitants des départements d'Outre-mer, et donner aussi les premiers chiffres nationaux de survie des cancers de l'enfant, précisent les auteurs.